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Tirer profit des corridors de déplacement

Tirer profit des corridors de déplacement

Par François-Xavier Morin-Thibeault

Mise en contexte

            Pour vous mettre en contexte, je fréquente un territoire de chasse à l’orignal depuis quelques années. J’ai eu le privilège de chasser et même guider des chasseurs dans ce secteur d’une superficie de plus de 900 acres. En 2020, le groupe de chasseurs de ce territoire m’a donné l’autorisation d’aller chasser à leurs côtés. La période de chasse à la carabine débutait le 3 octobre à l’époque. Pendant la saison estivale, j’avais érigé quelques salines à des endroits stratégiques ainsi que des caméras de surveillance. Quelques semaines avant l’ouverture de la saison de chasse, j’ai été cherché les cartes mémoire de mes caméras et j’ai constaté que mes appareils de détection n’avaient pas captés énormément de beaux sujets. Selon mes souvenirs, j’avais seulement 2 mâles de plus de 3 ans et demi sur image. Donc, mes attentes étaient peu élevées. Le premier jour de chasse, mon plan était d’aller arpenter une montagne avec des coupes forestières âgées d’une quinzaine d’années ainsi que d’un plateau de forêt mature sur le sommet. Cette destination se situe à environ 400 et 700 mètres de deux salines. Dès le début de mon ascension de la montagne en question, j’ai observé rapidement des signes frais de présences d’orignaux. Principalement des pistes, des frottages, des souilles et même un réseau soutenu de sentiers d’orignaux axé d’est en ouest. Dès ma première demi-journée de chasse fine, j’ai compris que le cheptel de cervidés de l’endroit se tenait sur le sommet des montagnes et loin des perturbations ainsi que des milieux ouverts. En milieu d’après-midi, j’ai pris la décision d’attaquer le sommet de la montagne notamment sur un des flancs de cette dernière en fin de journée. Ma vitesse de marche était d’environ 0.5 kilomètre/heure combiné à des séquences d’affût d’une heure à des points stratégiques.  Vers 15h45, j’avais atteint le fameux sommet via un sentier fraichement utilisé par une bête de gros gabarit.  À mon arrivée au sommet, j’ai senti une forte odeur d’urine d’orignal. 150 mètres plus loin, j’aperçus la plus grosse souille que j’ai trouvée à ce jour. On parle d’une cavité d’un volume de 8 pieds de long par 5 pieds de large par une douzaine de pouces de profond. Cette découverte m’a surprise et elle a complètement changé ma vision de mon terrain de jeux. Quelques instants plus tard, je me suis « roulé » dans la souille et j’ai fait un frottage sur un sapin baumier. Tout à coup, un grognement se fit entendre soudainement à une centaine de mètres de moi. J’ai essayé de l’approché mais sans succès. En ayant seulement que 3 jours de chasse, je devais prendre l’opportunité quand elle passerait. Suite à l’interaction avec le roi de nos forêts. J’ai croisé le chemin d’une femelle adulte seule. Étant dans une année permissive, j’ai donc décidé de prélever la femelle. Un tir foudroyant de ma bonne vieille 30-06 à une distance de 20 mètres au niveau des poumons l’a atteint mortellement. J’étais fier d’avoir prélevé ce cervidé. C’était le début d’une longue histoire avec cette montagne.

Matière à réflexion 

À défaut de ne pas avoir récolté le mâle mature, j’étais satisfait amplement de la venaison que ma femelle me procurerait. Toutefois, ma plus grande satisfaction était plutôt la découverte d’un petit oasis au beau milieu de nulle part. Pendant la saison morte suivante, j’ai décidé que l’usage d’appareils de détection sur ce plateau montagneux serait un atout dans mon approche avec la bête. C’est en juillet que je suis allé mettre la caméra dans le sentier principal relié à la fameuse souille. Durant la saison de chasse de cette année-là, j’ai vite constaté que les orignaux de l’endroit fréquentaient ce plateau non seulement à l’automne, mais en été aussi. Donc, j’ai comparé mes photos de cet emplacement avec les photos de mes salines et j’ai vite remarqué que le nombre de bêtes matures était beaucoup plus nombreux que sur mes salines et ce, année après année. Avec le temps, mes vigiles m’ont fait réaliser que ma petite cachette à Buck était un joyau qui se caractérisait par un habitat parfait ainsi que par un lieu de tranquillité et de quiétude pour les orignaux.

Mon histoire liée à cette montagne est selon moi un exemple parfait de l’importance de sortir de notre zone de confort et de sortir des sentiers battus. À plusieurs reprises, plusieurs adeptes mentionnent que leurs insuccès sont associés directement au manque de bête sur leur territoire. Dans certains cas, c’est possible mais le plus gros problème est la mauvaise lecture de son terrain. La majorité des endroits comme celui que j’ai déniché se situe dans des territoires exclusifs de 5 à 50 kilomètres carrés à haute densité. La zone où est situé ce lieu est d’une population de 3 à 5 orignaux au 10 kilomètres carrés. Ce qui correspond à un secteur à densité moyenne. Pour approfondir mes connaissances sur une de mes plus belles découvertes, j’ai décidé d’analyser en profondeur la localisation du sentier via Google Earth  et le relief du 900 acres. J’en suis venu à la conclusion pourquoi ce simple sentier se démarquait des autres. Principalement, il bornait une zone de transition entre une peuplement de résineux matures de plus de 50ans, d’une vielle coupe forestière de 15 ans ainsi que d’un dénivelé beaucoup trop abrupt pour un orignal qui agit à titre d’entonnoir naturel pour le gibier. Cet amalgame d’éléments naturels est le genre de choses à trouver sur vos cartes. Un écotone de ce genre vous assurera un achalandage soutenu d’orignaux de façon  multi-saisonnière. Ma trouvaille peut servir autant de site de repos, de site nourricier et de zone d’accouplements. Le cervidé n’a qu’à faire quelques pas pour se coucher, pour se nourrir ou bien même pour séduire la femelle convoitée.

En réalité, trouver un endroit aussi complet que celui-ci nécessite beaucoup d’acharnement dans votre prospection sur le terrain et en dehors du terrain. L’utilisation des inventaires forestiers ainsi que de Google earth peuvent vous permettre de trouver votre propre oasis. Cependant, la clé du succès est de s’éloigner le plus possible des perturbations, de la pression de chasse ainsi que des milieux ouverts. En bref, vous devez trouver une zone où la quiétude et la tranquillité règnent. Je vous invite donc à chausser vos bottes afin de partir en forêt avec votre boussole en main pour essayer ainsi de dénicher la nouvelle Babylone forestière. Combinez votre démarche avec l’usage d’appareils de détection et les résultats reflèteront vos efforts sur votre terrain de jeux.