Depuis les 20 dernières années, la chasse à l’ours est en constante évolution. Ayant eu mauvaise presse dans le passé, cette pratique figure maintenant parmi les plus appréciées des chasseurs de la province. Cette chasse procure un contact privilégié avec la faune et surtout une venaison de qualité. Étant une chasse où l’appâtage est la principale technique de chasse, plusieurs néophytes croient que c’est facile de berner un ursidé. À l’intérieur de ce blogue, il sera question des aspects à prendre en considération pour réussir adéquatement une chasse printanière à l’ours noir.

L’emplacement du site de chasse
Pour obtenir un fort achalandage sur un site appâté, le choix de l’emplacement est crucial. Notamment, il faut savoir que l’ours hiberne dans une tanière où ce dernier y passe environ 4 à 6 mois. À la fonte des neiges, l’omnivore cherche à se débarrasser de son bouchon digestif en assimilant des bourgeons de tremble, des pissenlits, du trèfle ou même de l’herbe. Il faut donc profiter de cette opportunité pour installer notre site de chasse proche d’un peuplement forestier où le tremble est dominant ainsi qu’un sous-étage de feuillus ou d’herbacés. Un autre point important est d’avoir une zone où la fraicheur règne. Idéalement, des coulées, des milieux humides ou des marécages peuvent être un atout pour déjouer un ursidé tout au long de la saison même en période de canicule. La combinaison d’une zone de feuillus ainsi que d’un milieu de fraicheur permettra d’augmenter les probabilités de réussite. En cas où le chasseur aimerait avoir plusieurs sites de chasse, je recommande fortement de distancer les différents aménagements d’une distance minimale de 5 à 10 kilomètres. Les ours couvrent énormément de territoire en période d’accouplement et il est important d’espacer nos sites pour couvrir différents groupes d’ursidés.
Les leurres olfactifs (Longue distance)
Selon certaines croyances populaires, beaucoup de gens pensent que l’ours est « charognard » et carnivore. Les chasseurs d’une certaine époque disaient qu’il était impératif d’alimenter l’ours avec de la viande et du poisson. Toutefois, il est préférable d’utiliser de la viande ou du poisson seulement pour faire une bombe d’odeur pour attirer l’ours sur nos installations. Pour un rendement optimal, le castor et la viande de phoque attirent d’avantage l’ours à longue portée. Notamment, les produits Extrêmes C.G proposent un leurre longue distance fait à base de viande de phoque qui se nomme Openbait. C’est un produit idéal pour faire des lignes d’odeurs autour de notre baril. Un autre excellent leurre est l’urine synthétique de moufette. Étant un attractant polyvalent autant pour le piégeage que pour la chasse, cela permet d’éveiller la curiosité de l’ours et camoufler nos odeurs. Même en situation de chasse, il est possible de l’utiliser pour dissimuler notre présence.


L’appâtage
Après avoir sélectionné l’endroit où l’on déposera les appâts, il est possible de protéger la nourriture soit par un baril ou des billes de bois. Majoritairement, j’utilise un baril puisqu’il permet d’isoler les appâts des intempéries et des rongeurs. À titre complémentaire, je préfère utiliser un baril avec plusieurs petites ouvertures qu’avec une seule grosse ouverture. Cela permet à l’ours à réduire l’accessibilité à la nourriture et à le forcer à s’alimenter plus longtemps sur le site. Il est essentiel d’attacher le baril au moyen d’une chaine et d’un « émérillon » autour d’un arbre.
Pour fidéliser l’ours noir sur un site appâté, il existe une multitude de produits et d’aliments. Principalement, il existe des moulées, des gâteaux, de la barre-tendre, du pain, de la nourriture pour chien, etc. De mon côté, j’utilise des céréales dont de l’avoine ainsi que des sucreries tels que des gâteaux et de la barre-tendre. Je combine ces éléments à un coulis sucré à saveur framboise, d’anis ou de beignes. Je mélange les appâts avec le coulis afin d’épaissir le contenu pour qu’il soit plus consistant et plus durable dans le baril. À chaque visite, j’alimente le gibier de cette manière et j’augmente les quantités selon l’achalandage.



L’importance d’établir une routine
Selon moi, l’élément clé à la chasse à l’ours est d’établir une routine dès le départ. Je recommande d’alimenter les ursidés toujours dans les mêmes heures afin qu’ils s’habituent à votre présence et qu’ils associent votre passage à l’approvisionnement de nourriture. J’aime bien aller nourrir en après-midi en vue de chasser vers 16h30. Après avoir alimenté le site, il est préférable de frapper le baril avec un morceau de bois à plusieurs reprises pour annoncer notre présence. Souvent, les ours viennent à l’appât rapidement après notre présence puisqu’ils sont sécurisés aux bruits et aux odeurs reliés au site. De plus, vaporiser les environs avec un leurre olfactif à chaque visite contribue à instaurer une routine et à susciter l’intérêt du gibier à longue distance.
Pour conclure, la chasse à l’ours est une pratique agréable qui contribue au contrôle de la prédation sur vos territoires. Étant omnivore, l’ours noir procure une venaison de qualité. Bien que cette chasse semble facile aux yeux de certains, je tiens à souligner que la routine, la rigueur que vous mettez dans vos préparatifs, le contrôle des odeurs ainsi que le choix de l’emplacement du site appâté vous permettront de vous démarquer. Naturellement, il est important de nourrir régulièrement les ursidés afin de les garder fidèles à vos installations. Pour récolter un gibier de taille respectable, je vous suggère d’être patient afin de profiter de la période d’accouplement qui s’intensifie vers le 15 juin. N’oubliez pas de ramasser vos déchets aux alentours de vos sites appâtés et d’être respectueux de l’environnement.
Bonne saison à tous !